Kérosène me semble tellement loin. Sûrement parce que le temps fut très long ces 2 dernières années. La tournée s’est évaporée. Mais lorsque les confinements successifs furent levés, ce n’est pas des concerts qui m’attendaient, mais un cancer du sein.
La musique a disparu de ma vie pour un temps, et pas mal de choses aussi, laissant de plus en plus de place à la maladie mais à la guérison surtout.
Je n’avais pas prévu d’écrire un livre. Je n’avais pas mesuré l’impact de cette nouvelle sur tous les pans de ma vie. Je pensais perdre mes cheveux, et devenir une de ces femmes « warriors », à qui la maladie offre une nouvelle façon de voir de la vie. Une de ces femmes qui vont chercher en elles une force insoupçonnée, découvrent leur vocation ou écrivent des livres qui s’intitulent « merci pour ce cancer ».
Rien ne s’est produit comme je l’imaginais.
J’ai commencé à tenir un journal à l’annonce de mon cancer du sein, sûrement parce que j’avais peur de ne pas le prendre au sérieux. L’écrire le rendait concret.
Et puis je ne me suis plus arrêtée de parler à mon MacBook Air, parce que mon cerveau bouillonnait comme l’enfer, et que ça m’aidait un peu.
Après l’ablation d’un sein et 2 mois de radiothérapie, on a le sentiment d’être tiré d’affaire. L’entourage ne cesse de répéter « c’est derrière toi maintenant », et on se surprend à vouloir reprendre sa vie d’avant.
Pourtant, je n’arrivais pas me sentir libérée. Ni même soulagée. J’étais épuisée et éteinte. On m’a parlé de contrecoup, j’ai attendu qu’il passe. Et en attendant, j’ai écrit.
Ce journal, pourtant sans vocation initiale à être publiée, paraîtra à l’automne aux Editions Eyrolles. Il est le témoin de ce que ce que je ne pensais pas vivre, de ce que je croyais derrière moi et a le mérite de m’avoir suivie au jour le jour dans cette épreuve personnelle, tant sur le plan physique que psychologique.
Il est le reflet fidèle de mon parcours.
Et finalement, étonnamment, il ne parle pas tant que ça du cancer…